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Les récepteurs à dépendance

L'équipe du Dr Patrick Mehlen du CRCL se consacre à une catégorie particulière de récepteurs situés à la surface des cellules qui régulent notamment la prolifération cellulaire. Or, les cellules cancéreuses réussissent à fabriquer des signaux trompant l'organisme pour assurer leur survie et leur mobilité. Il serait donc très utile de mettre au point une molécule capable de les reconnaître et de les bloquer pour rétablir le signal de mort cellulaire émis normalement en présence d'anomalie.

Au sein de l’organisme, les cellules interagissent entre elles grâce à des récepteurs placés à leur surface capables de capter les signaux de leur environnement. Et dans chaque cellule, tout un système de senseurs reçoit et traite les informations apportées. Les récepteurs sont des protéines dites "transmembranaires" et les signaux, appelés ligands, sont des molécules capables de se lier à une protéine de manière spécifique et réversible.
 

Jusqu'à aujourd’hui, la recherche sur les mécanismes de réception de signaux extracellulaires par une cellule a été considérée selon le schéma suivant : 

1.    Un ligand-signal se fixe à un récepteur sur la cellule. Il porte un message et induit une action, comme une clé entre dans une serrure.
2.    Ce récepteur s’active et commande une cascade de signaux intracellulaires. La cellule « répond » par exemple par une division, une migration, mais aussi la mort (on l’appelle" apoptose" : ce signal est utile quand la cellule est anormale et peut être néfaste à l’organisme).

Un tel schéma n'a pourtant pas permis d'expliquer dans tous les cas pourquoi et comment de nombreux récepteurs sont impliqués à la fois dans des phénomènes tumoraux et au cours du développement embryonnaire. 

Voici une quinzaine d’années, nous avons commencé à travailler sur une hypothèse paraissant alors un peu folle : certains récepteurs sont actifs lorsqu’ils ne rencontrent aucun ligand. Dr  Patrick Mehlen 


En absence de ligand, certains récepteurs pourraient induire un signal d'apoptose. Ces récepteurs à dépendance montrent une implication dans la régulation de la tumorigenèse. En effet, ils empêchent la formation de tumeurs en éliminant les cellules en quantité excessive par rapport à celle de ligands, signe de prolifération.

Malheureusement, la cellule tumorale est capable de produire elle-même les ligands qui assurent sa survie et sa mobilité. Elle évite ainsi le déclenchement du signal de mort cellulaire.

Patrick Mehlen et ses collaborateurs développent une stratégie thérapeutique anticancéreuse visant à bloquer cette reconnaissance du ligand par le récepteur à dépendance.

Le but de leurs recherches est donc de mettre au point un composé capable de reconnaître et bloquer le ligand fabriqué par la cellule tumorale, de manière à rétablir le signal induisant la mort cellulaire par les récepteurs à dépendance et l’élimination des cellules tumorales.

En savoir plus sur les récepteurs à dépendance : interview de Marie Castets (vidéo)